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The Devil’s Toy Remix

Le rouli-roulant, jouet diabolique?

14 cinéastes revisitent « Rouli-roulant », un film de Claude Jutra sur la thématique du skateboard.

En 1966, le cinéaste québécois Claude Jutra réalise un documentaire sur un nouveau phénomène qui s’empare des espaces publics de Montréal : la planche à roulettes, ou skateboard. Caméra à l’épaule, il y suit des jeunes qui roulent librement dans les parcs et les rues, jouant à cache-cache avec la police.

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Présentation de Rouli-Roulant. Photo: Olivier Blouin.

Presque 50 ans plus tard, l’Office national du film (ONF), producteur d’un des premiers films sur ce sport, a demandé à 14 cinéastes de revisiter « Rouli-roulant », le film de Jutra, rebaptisé « The Devil’s Toy » en version anglaise. De Victoriaville, en passant par Singapour, Los Angeles, Johannesburg, New York, Athènes ou encore Lyon, ces cinéastes invités réinterprètent l’oeuvre de Jutra dans « The Devil’s Toy Remix ».

La cinéaste québécoise Myriam Verreault, qui avait coréalisé « À l’ouest de Pluton » avec Henry Bernadet en 2008, a revisité le court métrage documentaire de Jutra avec une touche humoristique bien personnelle. Dès l’arrivée sur le site Web de « The Devil’s Toy Remix », on peut voir une version raccourcie du film original, car « apparemment, la capacité d’attention des internautes nous a obligés à webiser l’original », s’amuse Myriam Verreault. Alors que la plupart des autres films de l’expérience se présentent sous forme de documentaire, la cinéaste a poussé l’exercice plus loin en braquant sa caméra sur les jeunes femmes qui pratiquent ce sport, devenu une chasse gardée masculine.

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Installation interactive de Rouli-Roulant. Photo: Olivier Blouin.

« Dans le film original, Jutra a joué avec les codes de la fiction, entre autres avec le commentaire du narrateur, qui apportait un deuxième degré, en utilisant une figure d’autorité, explique la réalisatrice. Il a mélangé le cinéma direct, tout en proposant un film très scénarisé. »

C’est ce même croisement qu’elle a utilisé pour son propre film. Alors que Jutra avait utilisé la voix légèrement nasillarde du comédien français Charles Denner, Myriam Verreault a fait appel, de son côté, à Pierre Chagnon, qui a incarné le personnage d’Albert Simard dans « Lance et compte » (1986) ou encore du père d’Albert dans « J’ai tué ma mère » (2009). « Je voulais garder le ton paternaliste du film de Jutra, comme on l’entendait souvent dans les films de l’ONF dans les années 1940 et 1950, explique-t-elle. Mon narrateur a un ton solennel et, à la fin, les filles l’envoient promener. »

Le film de la réalisatrice s’ouvre sur une confrontation entre les gars et les filles, ces dernières envahissant le terrain où ceux-ci sont en train de rouler. « Certains garçons étaient venus pour le tournage, pour les autres, nous les avons tout simplement dérangés, raconte-t-elle. Mais, dans le fond, je crois que cela les a beaucoup amusés et qu’ils ont été fiers de participer au tournage. »

Si le tournage en lui-même a pris deux jours, toute la partie animation, qui ne dure que quelques minutes, a demandé une semaine de travail. Myriam Verreault a utilisé la méthode du stop motion, prenant des centaines de photos des filles pour  transformer leur look. Chaque photo a été découpée et collée sur l’image, pour montrer la métamorphose des filles.

Qu’est-ce qui a changé en presque cinq décennies ? Le clash entre la technologie d’alors et celle d’aujourd’hui est clair, toutefois, les thématiques restent les mêmes, analyse Myriam Verreault, ou presque.

« Dans la version de Jutra, on sentait une très grande liberté des jeunes, qui ne portaient pas de casques, souligne-t-elle. Aujourd’hui, on est parano en matière de sécurité. Comme quoi les choses progressent, mais pas nécessairement pour le meilleur. »

The Devil’s Toy Remix, 1970

Client: ONF

Maison de production: Office national du film du Canada

Rouli-roulant remix se veut un pont entre l’époque de Claude Jutra et la nôtre. Une série de réinterprétations créées par quatorze cinéastes de partout dans le monde se juxtaposent aux séquences originales du film de 1966. Concepteurs, réalisateurs et designers issus de l’univers du skateboard collaborent à la réalisation de cette œuvre collective qui défie les conventions en rejetant les façons traditionnelles de raconter et de consommer des histoires. Concepteurs, réalisateurs et designers issus de l’univers du skateboard collaborent à la réalisation de cette œuvre collective qui défie les conventions en rejetant les façons traditionnelles de raconter et de consommer des histoires.

Voir le projet

Crédits

Producteurs exécutifs

Hugues Sweeney; Loc Dao

Producteurs

Dominique Willieme; Dana Dansereau

Idée originale

Rob McLaughlin; Hugues Sweeney

Concepteur

Alex Leduc

Chargée de projet

Marie-Pier Gauthier

Consultant artistique

Jeremy Mendes

Design et développement web

Deux Huit Huit; Nicolas Brassard; Louis-Pierre Chouinard; Jean-Philippe Cyr; Alice Dufour-Thériault; Vincent Malo; Gabrielle Normand-Viau; Pascal Piché; François Vandal

Recherche et rédaction

Annie Quenneville; Ben Stoddart; Ellen Tang

Traduction

Oana Avasilichioaei; Leah Kosatsky; Paula McKeown

Collaboration spéciale

Anne-Marie Lavigne

Réalisation et coordination (FILMS)

Corey Adams; Matt Charland

Réalisateurs et réalisatrice

Corey Adams; Matt Charland; Steve Durand; Greg Hunt et Benny Magliano; Luke Jackson et Jess James Harris; Nikola Lezaic; Fred Mortagne; Argyris Papadimitropoulos; Marten Persiel et Peter Schüttemeyer; Juan Qi An; Myriam Verreault

Montage en ligne et colorisation

Yannick Carrier; Denis Gathelier; Denis Pilon

Chargées de production (Vancouver)

Vanessa Fukuyama; Laura Mitchell

Chargée d’édition

Valérie Darveau

Chargés des technologies

Vanessa Fukuyama; Laura Mitchell