La littérature a un problème de taille avec les médias : il n’est pas facile de la présenter sous un angle visuellement attrayant. On aime voir un peintre peindre, un musicien chanter, un danseur virevolter. Mais regarder un auteur taper sur le clavier de son ordinateur…
Lis T’Classique voulait répondre à cela. Rejeton de La Fabrique culturelle – une plateforme de capsules vidéo dont le mandat est de promouvoir les productions artistiques du Québec –, cette websérie animée par le rappeur Webster est à la fois pédagogique et ludique. «Notre but est de faire découvrir les œuvres littéraires et d’en proposer une analyse tout en utilisant une forme et un ton qui plaisent aux jeunes», explique Marjorie Champagne, scénariste et réalisatrice sur le projet.
C’est grâce à son fils de 12 ans que Marjorie a trouvé son idée.
Il écoute énormément de Youtubeurs, dit-elle. Je trouvais que c’était un format intéressant, proche des jeunes. J’ai pensé qu’on pourrait l’adapter pour faire un club de lecture.
L’idée a ensuite évolué vers une analyse littéraire plus classique, animée par un Webster qui y va de ses pointes d’humour. «Notre but, c’est que les gens écoutent du début à la fin. Nous avons tous une capacité d’attention très réduite sur le Web. Notre montage est dynamique : on passe d’une blague à une représentation graphique, puis à un intervenant. Jamais on ne lit un paragraphe complet, seulement une phrase ou deux.»
Il fallait donc trouver des orateurs, des «clameurs». Le rappeur Webster s’est imposé de lui-même. Figure connue dans la ville de Québec, sa sensibilité aux arts — il a été chroniqueur culturel dans la région de la Capitale nationale — de même que sa langue colorée en faisaient un animateur idéal.
«Webster met son grain de sel dans nos capsules, dit Marjorie Champagne. Il part d’un texte de base, mais il prend beaucoup de liberté en faisant des blagues ou en changeant les mots pour que ça lui ressemble plus.»
Pour choisir les jeunes qui interviennent dans les capsules, c’est par Facebook que le casting s’est fait. «On a eu toutes sortes de candidatures, de ceux qui n’ont aucune expérience devant la caméra à ceux qui sont de jeunes acteurs ou qui participent à la ligue d’improvisation de leur école. On voulait trouver un équilibre entre des figures déjà connues du public et des nouveaux visages.»
La diffusion des capsules demeure un défi. Rares sont les adolescents qui vont partager une analyse littéraire sur leurs réseaux sociaux. «Les gens de Télé-Québec travaillent de près avec les commissions scolaires et les professeurs. On veut produire des contenus que les enseignants peuvent utiliser pour donner le goût de lire à leurs élèves. C’est pour ça qu’on ne peut pas analyser notre succès sur le nombre de clics : il n’est pas rare qu’un seul d’entre eux représente une classe complète.»
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