Si vous aviez le choix, est-ce que vous préféreriez perdre la vue ou l’usage de votre pénis? Le fait de lier le corps de votre partenaire à l’aide de cordes vous excite-t-il? La masturbation est-elle une sexualité secondaire? Sexplora, un magazine télé produit par Urbania et qui se décline aussi sur le Web, fouille ces questions. Sans complexe, un sourire en coin.
«Le sexe, ça touche tout le monde, explique l’animatrice et journaliste Lili Boisvert. C’est très présent dans notre culture. Même ceux qui n’ont pas de vie sexuelle sont concernés. Le numérique a donné accès, entre autres, à la pornographie; il a libéralisé la sexualité. Aujourd’hui, on véhicule beaucoup d’informations sur le Web, mais aussi des mythes et des rumeurs. Les gens doivent avoir la possibilité de prendre du recul et de poser un regard critique sur cette question.»
Cette surexposition à l’érotisme dans notre société n’est-elle pas une preuve de notre tolérance? La productrice de Sexplora, Raphaëlle Huysmans, en est venue à une toute autre conclusion. «On a l’impression d’être très ouverts, mais quand on s’y penche, on s’aperçoit que c’est une illusion. Beaucoup de pratiques choquent les gens parce que ce n’est pas leur sexualité. Nous, on cherche à faire la lumière sur ces approches. On cherche à démontrer, par exemple, que d’avoir des fétiches, ce n’est pas une maladie.»
C’est donc pour répondre aux interrogations que plusieurs se posent, mais que peu verbalisent, que l’équipe d’Urbania a lancé Sexplora. «On trouve tellement de contenus, de statistiques intéressantes, d’infos surprenantes… le défi, c’est de faire des choix», explique Raphaëlle Huysmans.
Si l’émission et le magazine numériques sont produits avec rigueur, allant chercher des réactions à la fois chez des experts, des quidams et des gens ayant des pratiques atypiques, Urbania a voulu en parler avec humour, d’une manière naturelle. «Le sexe, ça fait sourire, remarque Lili Boisvert. Souvent parce qu’on est un peu mal à l’aise. Mais comme Urbania et moi partageons ce ton ludique, on y est allés à fond.»
La limite imposée par l’équipe et son diffuseur était celle du bon goût. Mot d’ordre : pas d’images de sexe pour montrer des images de sexe. Et on évite les sujets qui dépassent les limites de la légalité, là où quelqu’un pourrait finir par être blessé.
On voulait rester dans la sexualité saine, celle que l’on peut discuter sereinement avec nos invités, explique Raphaëlle Huysmans.
Cela n’empêche pas le magazine de poser les bonnes questions. Certains thèmes plus sensibles n’ont pas attiré que des fleurs à l’animatrice sur les réseaux sociaux.
Une femme qui parle ouvertement de sexe est perçue comme si elle était disponible à tout, dit Lili Boisvert. J’ai reçu beaucoup de messages négatifs, j’ai vécu du harcèlement en ligne, mais ça ne m’empêche pas de continuer. Parce qu’il faut que les femmes puissent aussi parler de sexe, au même titre que les hommes.
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