Les légendes québécoise sont peuplées d’animaux insolites et fantastiques. Sasquatch, Windigo, fantômes, sorcières… un bestiaire riche, quoique souvent ignoré. C’est pour redonner un souffle à toute cette tradition orale que le réalisateur Rémi Fréchette et Productions Version 10 ont créé L’Étrange Province, une websérie «documenteur» sur la cryptozoologie québécoise.
On y suit les aventures de Frank et Carl, deux amis à la psychologie instable qui partent à la recherche de bêtes fantastiques. Si ces personnages et leur univers sont fabriqués de toutes pièces, les interviewés, eux, sont authentiques; ce sont de vrais experts en OVNI ou en monstre du Memphrémagog. Le contraste entre la fiction du scénario et la véracité des informations données par les invités flouent la ligne entre vérité et mensonge, ce qui offre une profondeur de lecture à la websérie.
«C’était spécial d’aborder ces gens, dit Rémi Fréchette, parce qu’eux, souvent, ils sont convaincus que leur légende est vraie. On leur faisait bien comprendre que nous, au fond, on n’y croyait pas, mais qu’on voulait entendre ce qu’ils avaient à nous dire. Ce qui m’intéressait, c’est la passion de ces gens pour ces sujets. Je n’allais pas sur le terrain pour savoir si c’était vrai ou pas. Ces personnes-là, quand elles parlent des légendes qui les passionnent, elles s’illuminent. Et ça, c’est très beau.»
La diffusion web de la série sur le réseau TVA a donné une grande liberté d’action au réalisateur.
Honnêtement, c’était un projet tellement particulier que je ne pense pas que ça aurait très bien passé à la télévision. Et je crois que les gens qu’on cherchait à séduire se trouvent en ligne. Tout ce qu’on nous demandait, c’était de ne pas dépasser dix minutes par épisode.
L’Étrange Province a adopté une forme qui ressemble à celle qu’on retrouve sur YouTube, où il n’y a pas vraiment de règles, ce qui a permis à l’équipe de production de s’amuser avec plusieurs conventions. «Je voulais que chaque histoire ait sa couleur particulière. J’ai pu jouer sur les genres, en calquant plusieurs types d’émissions populaires, explique Rémi. Pour le fantôme de l’Auberge Saint-Gabriel, par exemple, je me suis inspiré de la série Ghost Hunter alors que pour l’épisode de Trois-Pistoles, je suis vraiment allé vers quelque chose de plus fantastique.»
Le terrain de jeu était si large que les comédiens ont pu improviser sur le plateau. Alors qu’ils ne se connaissaient pas au départ, Martin Handfield et Simon Lacroix se sont rapidement liés d’amitié. Cette connivence mêlée à l’intuition du réalisateur a permis d’amener la websérie beaucoup plus loin.
Lors des journées de tournage, raconte le réalisateur, une fois que j’avais les scènes prévues au scénario, je laissais les gars jouer avec le texte. C’est là qu’on découvrait ce dont étaient capables les personnages. La production avait un peu peur parfois, parce que l’épisode changeait vraiment, mais on leur a montré qu’au bout du compte, ça donnait un meilleur résultat.
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